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Lisières

Voilà ce que j’avais oublié : Réaliser que ce qu’on a à écrire réside peut-être justement dans la faillite de nos attentes. Ce qu’on ne nous a pas dit. Ce qu’on nous a fait croire. Les documents qu’on n’a pas trouvés. Les images qui manquent. Bref, ce qu’on a pas obtenu et pourquoi. Accepter qu’il ne s’agisse pas de trouver, en fin de compte, mais de regarder. Accepter qu’il soit seulement question de trouées du réel, pas de décors.

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Philippe Mailleux déclenche, Aliénor Debrocq écrit. Le temps d’une dérive périphérique, ensemble, ils arpentent l’étrangeté et le surgissement.

Lorsque Philippe Mailleux invite Aliénor Debrocq (À voix basse, Cent jours sans Lily...) à écrire sur ses images, celle-ci se découvre un syndrome de la page blanche inattendu. Face à une difficulté évidente à discourir sur un apparent vide, l’autrice, également journaliste, regarde encore et encore les images du photographe, jusqu’à les « connaître par cœur ». Cimetières, forêts, rivages, hangars : tous sont désertés.
(...)
De ces échappées, Aliénor Debrocq choisira finalement d’écrire le hors-champ, « la part des anges. Celle qui s’évapore, comme dans le whisky. Celle qui reste aussi ». Les dérives pédestres du photographe lui inspirent ainsi cinq mises en abyme personnelles de la disparition, où pouvoir et privilèges règnent dans un monde aveugle et sourd, où le sublime et le souvenir d’enfance enracinent l’identité, où la mise à mort d’un rhododendron venge une « rupture qui n’a pas dit son nom ».
Nathalie Malisse

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